1.11.2020 - 31.12.2020 Patrimoine & société

Sur les traces des Polonais en Ile-de-France

Bienvenue au nouveau volet numérique du projet « Les balades guidées sur les traces des Polonais » qui a pour objectif de recenser les endroits historiques liés à la présence polonaise.

Les villes franciliennes connaissent un nombre de réalisations artistiques et civiles intéressantes. Nous vous invitons à les découvrir avec nous et nous aider à découvrir d’autres en envoyant vos photos et remarques sur la liste présentée ci-dessous.

Découvrez les endroits inédits, liés à l’histoire de la Pologne et des Polonais !

Accéder à une carte interactive qui recense les endroits présentés dans cet article (cliquez sur ce lien)

11. Boulogne-Billancourt (92) : Les sculptures de Paweł Jocz (sur proposition d’Ewa Bobrowska)

Côté polonais, la ville de Boulogne-Billancourt est connue pour l’espace Landowski, dédié à l’artiste français aux origines polonaises. Mais les rues de cette ville voisine à Paris cachent d’autres pépites : deux sculptures de Paweł Jocz, artiste polonais.

Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts à Varsovie, le sculpteur Jocz se fait vite repérer à l’étranger. L’une de ses premières expositions a lieu à Stockholm en 1967. En 1970 l’artiste choisit l’émigration et s’installe en France où il avait déjà présenté ses travaux l’année d’avant. De nombreuses expositions ont suivi tout au long de sa vie, notamment en France et en Pologne à Łódź. Le musée municipal de la ville polonaise possède une belle collection de ses ouvrages.

Depuis les années 1980, Jocz obtient plusieurs commandes publiques. Ses sculptures vont décorer quelques villes européennes : Łódź encore ou Wielsbeke en Belgique. En 1992 la ville de Boulogne-Billancourt lui commande deux sculptures en bronze qui vont être installées rue Barthélémy Donjou.

« L’élévation » est la première, elle mesure 4,2 mètres. Elle est suivie par « Nuage du poète », plus petite en taille (1,8 m) et se trouve à une cinquantaine de mètres de la première. Bien que les textes critiques sur ces ouvrages sont quasiment inexistants, nous remarquons des thèmes chers à l’artiste : la poésie (Jocz est l’auteur de plusieurs sculptures et portraits des poètes), l’expression de l’invisible et la non-appartenance manifeste à des courants artistiques. « Je ne m’identifie à aucun courant actuel. C’est la représentation de l’homme contemporain qui m’intéresse, avec toutes les traces de cette époque dans sa vie », disait l’artiste.

Détails géographiques : 4 et 16 rue Danjou, 92100 Boulogne-Billancourt

Sources : Krystyna Jocz, Paweł Jocz, Voyage dans l’espace et dans le temps [dans :] site recogito / « Pawel Jocz » [dans :] site graphique desmont / « Pawel Jocz » sur le site peoplepill / Wikipédia Fr et Pl. // Photos : MG

10. Vitry-sur-Seine (94) : Les artistes polonais dans les collections du Musée MAC-VAL

L’Ile-de-France, ce sont aussi des magnifiques musées à découvrir ! A Vitry, dans le Val-de-Marne (94) on retrouve MAC-VAL : l’unique musée de la région (et de France) exclusivement consacré à l’art contemporain. Au sein de ses collections nous découvrons aussi quelques artistes polonais ou d’origine polonaise. Parmi eux, Roman Cieślewicz, Charles Dobzynski, Ladislas Kijno, Piotr Kowalski, Angelika Markul…

En 2020, MAC-VAL fêtait 15 ans de sa création (bien que ses collections soient encore plus anciennes car ont été léguées par le Fonds Départemental d’Art Contemporain qui avait été créé en 1982). Aujourd’hui la liste du catalogue est de plus de 2500 œuvres (parcourir le catalogue en ligne). Chaque année deux expositions temporaires sont organisées.

Le catalogue du musée, appelé « Vidéomuséum » permet de découvrir des artistes polonais ou d’origine polonaise dans les collections permanentes du MAC VAL.

Quant à cette dernière activité, nous ne pouvons ne pas mentionner l’exposition monographique consacrée au photographe polonais Eustachy Kossakowski, « 6 mètres avant Paris », du 22 avril au 28 mai 2017 en partenariat avec l’Institut Polonais de Paris. De plus, les artistes polonais font régulièrement partie des expositions collectives temporaires. Par exemple un focus sur les célèbres découpages de Roman Cieślewicz  a été proposé en 2011 dans l’exposition « Itinéraire bis » ; l’artiste performatif Krzysztof Niemczyk exposait pendant « Chercher le garçon » en 2015. Dans un autre parcours proposé par le musée qui se traduit par des expositions monographiques consacrées à des « invités de la collection », Angelika Markul était l’une de premières artistes exposées. Son « Salon noir » a été présenté au public en 2010, dans le cadre d’un compagnonnage avec Christian Boltanski. Une autre œuvre vidéographique de Markul, « Si les heures m’étaient comptées » a été acquise par MAC VAL en 2017.

Dans le cadre de l’exposition permanente, le musée propose des aménagements permettant de mettre en valeur sur le travail de différentes artistes et d’aborder des thématiques diverses. Là encore, les artistes liés à la Pologne faisaient partie de différents parcours : Władysław Kijno (Parcours #1, « Inauguration »), Piotr Kowalski (Parcours #5, « Vivement demain »), Roman Cieślewicz (« L’Effet Vertigo »), Angelika Markul (« Sans réserve »).

Détails géographiques : Place de la Libération, 94400 Vitry-sur-Seine

Sources : Site officiel du musée

9. Les œuvres monumentales de Ladislas Kijno en Essonne (91) et Val-de-Marne (94)

Parfois, les œuvres des artistes émèrgent devant nous et nous éblouissent, d’autres fois nous passons à côté d’elles : elles sont si discrètes qu’on ne se rend pas compte de leur existence. Pourtant elles sont là pour animer notre entourage ou marquer un événement important. Ces deux cas se réunissent dans l’œuvre monumentale (et pourtant, souvent discrète) de l’artiste français d’origine polonaise, Ladislas Kijno.

Ladislas Kijno nait à Varsovie le 27 juin 1921, enfant d’un couple franco-polonais. Son père, patriote polonais et premier prix au violon de Conservatoire de Varsovie, est un ancien déporté en Sibérie. Quelques années après la naissance de leur fils Piotr Ladislas (dont il gardera seulement le second prénom pour son nom d’artiste), le couple décide de partir en France et s’installer à Noeux-les-Mines, dans le Pas-de-Calais.

L’entourage minier du nord de l’Hexagone inspire l’enfant qui très vite démontre sa passion pour le dessin : il évoquera plus tard une forte impression qu’a fait sur lui la peinture d’Edouard Pignon avec qui il se liera d’amitié 30 plus tard. Dans les années 1950 Kijno déménage en Ile-de-France pour s’installer à partir de 1980 à Saint-Germain-en-Laye où il ouvre son atelier et y travaille jusqu’à la fin de ses jours en 2012.

Si ses œuvres les plus remarquables – la crypte du Centre d’art sacré contemporain et la rose du portail de Notre-Dame de la Treille – se trouvent à Lille, Kijno est auteur d’une dizaine des œuvres monumentales dispersées en Ile-de-France.

Parmi ses réalisations les plus remarquables nous comptons les grandes murailles qui décorent les façades d’un gymnase à Savigny-sur-Orge (91), un gymnase à Juvisy-sur-Orge (91), une installation artistique au sein du collège Olivier de Serres à Viry-Châtillon (91) en Essonne. La ville de Vitry-sur-Seine dans le département Val-de-Marne (94) compte aussi plusieurs œuvres de l’artiste : une muraille céramique sur la façade d’un immeuble Avenue de la Commune de Paris, une œuvre commérmorant les victimes de la Guerre au Vietnam à l’intérieur de la Mairie de Vitry, ainsi qu’une collection des peintures au Musée MAC-VAL.

Décoration de la façade à Vitry-sur-Seine

Détails géographiques : Mairie de Vitry-sur-Seine : 2 Av. Youri Gagarine, 94400 Vitry-sur-Seine / Gymnase Léon Cheymol à Savigny-sur-Orge : 16 Rue Jacques Cœur, 91600 Savigny-sur-Orge / Muraille en Céramique : 6 Avenue de la Commune de Paris, 94700 Vitry-sur-Orge /

Sources : Site officiel de l’artiste / Wikipédia France / L : Lameński, « Tomek Kawiak – rzeźbiarz, performer, malarz, rysownik, showman ? » [dans :] Akcent 4/2008, p. 159. // Photos : MG (privée) / Portrait de l’artiste : capture d’écran d’une vidéo de l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain / Wikicommons

8. Sceaux (92) : Villa Snégaroff – œuvre de Bruno Elkouken

Commandes de personnes privées, l‘architecture des maisons individuelles fait l’objet d’intérêt croissant du tourisme d’aujourd’hui. Récemment, la villa Savoye à Poissy, l’oeuvre du Corbusier a intégré la liste du patrimoine mondiale de l’humanité. En Ile-de-France, les architectes polonais ont également signé plusieurs projets intéressants. L’un des plus connus, Bruno Elkouken, célèbre pour ses réalisations à Montparnasse, a conçu un joyau de l’architecture moderniste dans les Hauts-de-Seine, sur commande d’un certain Monsieur Snégaroff…

Bruno (de son vrai nom Bronisław) Elkouken est né en 1893 à Sosnowiec, ville située dans le bassin de Dąbrowa, dans une famille juive polonaise. Après les études en Suisse, à la prestigieuse École polytechnique fédérale de Zurich, il rejoint le groupe d’architectes polonais Praesens et participe au projet du quartier Rakowiec à Varsovie. Dans les années 1930 il émigre à Paris et rejoint le mouvement des congrès internationaux d’architecture moderne (CIAM). C’est à travers ses réalisations des immeubles caractéristiques avec leurs formes géométriques que la capitale française voit naître le mouvement moderne, aujourd’hui tellement lié à l’Ecole de Paris et le quartier de Montparnasse.

Le projet d’une villa pour Dmitri Snégaroff rompt avec les réalisations des immeubles collectifs par Elkouken. L’éditeur de l’art contemporain (et des premiers volumes de La Pléiade), fondateur de l’Imprimerie Union lui commande en 1929 un projet d’une maison sur un terrain lui appartenant à Sceaux. Il s’agit d’un premier immeuble dans le lotissement du parc de Sceaux. Le projet fut achevé en 1931. La maison est de 11 mètres de hauteur, elle est proche (d’après le vœu personnel de Snégaroff qui s’était inspiré d’une villa de son ami Trapénard) des projets cubistes de Mallet-Stevens.

Le bâtiment se distingue des autres dans la rue par son originalité et sa beauté. Aujourd’hui plusieurs locataires le partagent, entre-autres, un sculpteur qui y a installé son atelier. Y voit-on une continuation de la pensée artistique commencée par Elkouken ?

Détails géographiques : 13, avenue du Président Franklin Delano Roosevelt, 92330 Sceaux

Sources : Wikipédia Pologne / site archi.fr (archivé) / pss-archi.eu // Photos : MG

7. Boulogne-Billancourt (92) : Espace Paul Landowski

Pendant nos balades parisiennes, nous avons à multiples reprises découvert des œuvres de Paul Landowski, architecte et sculpteur. La ville de Boulogne-Billancourt, dans le département des Hauts-de-Seine, où l’artiste est mort, lui a consacré un musée.

Vue sur l’Espace Landowski, siège du musée de son nom. Prise GoogleMaps

Né à Paris en 1875 d’un père polonais émigré après la chute de l’Insurrection de Janvier, Paul s’intéresse très vite à la littérature et le dessin qu’il étudie à l’Académie Julian. Ses autres passions sont le sport, le boxe en particulier, et la médecine, passion lui transmise par son oncle médecin gynécologue Paweł Landowski, ancien insurgé exilé, qui élevait Paul après la mort précoce de ses parents. Ces domaines d’intérêt très vastes servent de thèmes pour les premières sculptures du jeune Landowski, rapidement remarqués par ses professeurs et ensuite par le public.

Landowski est surtout connu pour ses impressionnantes commandes publiques, figure de Saint-Geneviève sur le Pont de la Tournelle, le Monument de la Réformation à Genève, Christ Salvateur à Rio de Janeiro ou de nombreux monuments aux morts. Ces derniers ouvrages lui étaient particulièrement chers : l’artiste ayant vécu l’expérience d’un poilu, rendait ainsi l’hommage à ses compagnons des tranchées et à toutes les victimes du conflit sanglant qu’était la Grande Guerre.

Un monument aux morts de Landowski à Boulogne-Billancourt (photo : Alain Choubard)

En 1906 il s’installe à Boulogne-Billancourt et y ouvre son atelier d’artiste. A sa mort, un petit musée présentant les maquettes de ses grandes réalisations a été établi par ses amis sur place. Récemment, la ville a pris l’effort de proposer un projet plus ambitieux : en 2017 on a inauguré le Musée consacré à l’artiste au sein de l’Espace Landowski, pôle multiculturel rassemblant une médiathèque, un musée des années 30, un cinéma et d’autres infrastructures municipales.

La collection du musée comporte plus de 70 ouvrages de l’artiste, dont les maquettes de ses réalisations les plus célèbres, dons des amis de l’artiste à la ville en 1982. Une visite se décline en plusieurs salles qui exposent la vie de l’artiste. Une visite virtuelle, outil intéressant en temps du confinement, est également possible.  

Détails géographiques : Espace Paul Landowski : 28 Avenue André Morizet, 92100 Boulogne-Billancourt / Monument aux morts : 48 avenue Pierre Grenier

Sources : wikipedia France / paullandowski.com / Site de la ville Boulogne-Billancourt / site MonumentsAuxMorts.com Photos : Wikicommons (sauf si mentionné autrement)

6. Montmorency (95) : Cimetière des Champeaux – Nécropole polonaise (proposition de Halina Krzakowska-Moulin)

Le cimetière de Montmorency, ville dans le département de Val-d’Oise, dépasse, par le nombre des noms des célèbres Polonais, de loin toutes les nécropoles parisiennes. Une visite dans ce lieu de repos est un véritable voyage dans l’histoire de la Pologne.

Histoire de la présence polonaise dans la région commence à l’issue des guerres napoléoniennes. Ici s’installent deux émigrés : le pianiste et chroniqueur Maurycy Mochnacki et le général Karol Kniaziewicz.

Ils sont bientôt rejoints par l’écrivain Julian Ursyn Niemcewicz. Ce dernier commence à écrire un journal qui nous apportera beaucoup d’informations sur l’émigration polonaise arrivée après les insurrections nationales du XIXe siècle, mais aussi sur la région et ses habitants. La maison de Niemcewicz devient un haut-lieu de rencontres culturelles et sociales : parmi ses invités on compte Adam Mickiewicz, Frédéric Chopin, le prince Czartoryski, Delfina Potocka et bien d’autres.

C’est avec la mort de Niemcewicz en 1841 et celle de Kniaziewicz l’année suivante qu’apparaissent les premières tombes. De son côté Mickiewicz et Czartoryski organisent un fonds qui permet l’organisation des commémorations régulières : ainsi naissent les pèlerinages des Polonais à Montmorency qui continuent jusqu’aujourd’hui. Le fonds se transformera en une société de sauvegarde de sépultures polonaises quelques décennies plus tard.

Du fait de son importance symbolique, des générations des émigrés polonais voulurent y reposer après leur mort. Parmi les noms les plus éminents on compte :

Cyprian Norwid, Olga Boznańska, Józef Babiński, Cyprian Godebski, Władysław Mickiewicz, Helena et Alfred Paderewscy (épouse et fils du compositeur), Bronisław Piłsudski, Kazimierz Sosnkowski, Aleksander Wat et Adam Mickiewicz lui-même qui souhaitait y être enterré après sa mort survenue à Istanbul. Ce ne sont que quelques exemples de grands noms, la nécropole contient aujourd’hui 276 tombes polonaises de toutes les croyances.

Outre les sépultures, un Mur de Mémoire a été installé sur un côté de clôture pour commémorer les héros et victimes de grands conflits du XXe siècle.

Dans la collégiale Saint-Martin, joyau du gothique flamboyant du XVIe siècle, se trouvent les épitaphes de Niemcewicz et Kniaziewicz, financés par le prince Czartoryski ainsi que le tombe de ce dernier et de son épouse.  

Détails géographiques : La nécropole : 1 Rue Gallieni, 95160 Montmorency / Collégiale : 2 Rue Saint-Martin, 95160 Montmorency

Sources : Jan Winczakiewicz Polskie Montmorency [dans :] CENTRUM DIALOGU, miesiecznik OO Pallotynow„Nasza Rodzina” 1 (496) 1986, s. 21–25. / fr. wikipedia.org // Photos : Creative Commons et collections privée HKM

5. Noisy-le-Grand (93) : Chapelle Notre-Dame-des-Sans-Logis-et-de-Tout-le-Monde

La ville de Noisy, joignable à 15 minutes depuis Paris par le RER A connaît une belle histoire de solidarité, en partie possible grâce au prêtre franco-polonais Joseph Wresinski (Józef Wrzesiński).

Fils du Polonais Władysław Wrzesiński et d’une mère espagnole, il né dans un camp d’internement où sont placés, parce que étrangers, ses parents pendant la période de la Première Guerre mondiale. Sa famille étant très pauvre, dès son jeune âge Joseph est contraint d’aider ses parents à subvenir aux besoins de la famille. Cette expérience, ainsi que son rapprochement aux jeunes communistes pendant ses études secondaires avec qui il fréquentait des camps de travailleurs appauvris, puis son appartenance à la Jeunesse ouvrière chrétienne motivent son choix de vie : aider les pauvres sans conditions. Il devient prêtre en 1946.

En 1954 l’abbé Pierre achète à Noisy-le-Grand un vaste terrain privé afin d’y construire un camp pour des ouvriers, victimes de la pauvreté qui sévit la France à l’époque, afin de leur offrir un toit. Ce terrain qui accueillait plus de 250 familles des ouvriers et sans logis dans les tentes a rapidement montré des défaillances, notamment le manque des infrastructures de base (eau, électricité…), sans parler des besoins culturels ou spirituels. La situation s’améliora l’année suivante, grâce au partenariat avec Emmaüs qui projette de créer 500 logements plus durables pour absorber une partie du camp, mais la ville refuse le financement, faute de moyens.

A ce moment intervient l’abbé Wresinski, continuant l’œuvre commencée par l’abbé Pierre, en créant un système d’entre-aide et de solidarité au sein du camp. Ensemble, les habitants ont créé une bibliothèque, une halte-garderie ainsi qu’une chapelle, le seul témoin de l’époque qui subsiste encore aujourd’hui. Un détail très intéressant : le financement était possible grâce à… un don de Charlie Chaplin !

La chapelle a une forme d’igloo (question pratique : elle est plus facile à chauffer), tout comme les habitations autour et est construite intégralement du matériel disponible sur place. Monique Midy, maître de l’œuvre, fera à son tour appel à Jean Bazaine et Marguerite Huré, le maître-verrier de Notre Dame du Raincy. La statue de la vierge qui est placée à l’intérieur appartenait au père Wresinski. En 1957, les familles qui œuvraient avec Joseph Wresinski ont fondé l’association ATD Quart Monde, active jusqu’aujourd’hui.

Le camp étant toujours insalubre, fut progressivement démantelé dans les années 60 pour faire place à des nouveaux logements, construits par la commune. La chapelle a été déplacée « pierre par pierre » par les habitants du camp sur l’emplacement actuel. En 2013 elle reçoit le label « Patrimoine du XXe siècle » et depuis 2015 elle figure sur le registre des monuments historiques. Un panneau dédié au père Wresinski se trouve à droite de la porte d’entrée.

Détails géographiques : 77 Rue Jules Ferry, 93160 Noisy-le-Grand. A 10 minutes à pied depuis la gare Noisy-Chapms (RER A). Avertissement : actuellement en travaux de restauration, la chapelle ne se visite que de l’extérieur.

Source de textes : Notre-Dame-des-Sans-Logis-et-de-Tout-le-Monde, site Noisylegrand-tourisme. ainsi que fr. wikipedia.org (articles Chapelle et Joseph Wresinski). Photos : Père Wresinski en visite à Val-d’Oise (1986, ATD QUART MONDE) / Chapelle : photo privée.

4. Champs-sur-Marne (77) : L’Axe de la terre – œuvre monumentale de Piotr Kowalski

La ville de Champs, connue pour accueillir un immense campus de l’Université Paris-Est, compte un nombre d’œuvres d’art et d’architecture installées dans l’espace public dont un, très particulier, est proposé par l’architecte et artiste d’origine polonaise, Piotr Kowalski.

Kowalski est né en 1927 à Varsovie (certains sources indiquent comme lieu de naissance Lvov, alors aussi en Pologne) où il passe son enfance. A l’âge de 18 ans il quitte sa Pologne natale et au bout de quelques années de voyages, il est admis à la faculté des sciences mathématiques du prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT), qu’il quitte rapidement au profit de la faculté de l’architecture de la même université. Le diplôme lui ouvre la voie vers les bureaux d’architectes les plus connus au monde, dont celui de Marcel Breuer avec lequel il travaille pour le projet de l’UNESCO à Paris ou de Ieoh Ming Pei, auteur, entre-autres, de la pyramide du Louvre. En 1957 Kowalski s’installe en Ile-de-France à Montrouge où il rejoint l’équipe de L’Atelier de Montrouge. Au cours des années sa carrière d’architecte cédera place à celle d’artiste-sculpteur à succès.

L’Axe de la terre lui a été commandée par le pouvoir public en 1992 en hommage à Paul Valéry, écrivain. L’artiste a proposé un mât en acier inoxydable long de 32 mètres, reposant sur un socle de pavés en lave noire du Massif central. L’inclination du mât explique le titre de l’installation : celui-ci est incliné d’un angle de 48°51’, parallèle à l’axe de rotation de la terre. L’artiste mène ainsi son dialogue entre la terre et une étoile que son axe pointe, à savoir l’étoile polaire : l’Alfa de la Petite Ourse.

Kowalski est également auteur d’autres œuvres monumentales en Ile-de-France : Place des Degrés et l’Escalier à la Défense, Puteaux (92), ainsi que La Porte de Paris à Montigny (78) (merci à Hanna Krzakowska-Moulin pour cette dernière information).

Site officiel de l’artiste

Détails géographiques : Rond-Point Ctre de la Terre, 77420 Champs-sur-Marne, à 5 minutes à pied de la station RER A Noisy-Champs.

Sources de textes : L’axe de la terre (Piotr Kowalski), publicartmuseum.

Les oeuvres urbaines, noisylegrand-tourisme.

Photos : wikimedia commons, google maps

3. Villeneuve-Saint-Georges (94) : Château du Beauregard – résidence d’Ewelina de Balzac (d’après la proposition de Marie et Caroline Litra)

La ville de Villeneuve cache un trésor : le château de Beauregard. Doté d’une longue histoire et des phases successives de démolition et de reconstruction, l’édifice connait aussi une période polonaise car c’est au XIX siècle qu’il est acquis par la comtesse Ewelina Hańska, veuve d’Honoré de Balzac !

Le château apparaît dans les documents administratifs français pour la première fois en 1650 quand Jean-Baptiste Colbert devient son propriétaire. Les descendants du ministre des finances du Louis XIV s’engageront dans de nombreuses reconstructions et réaménagements pour enfin démolir l’ancien château et construire en 1820 la structure actuelle avec un parc dans un style néoromantique.

Renonçant à son héritage et terres, Ewelina Hanska accepte de marier Honoré de Balzac en 1850. La passion amoureuse et épistolaire de 18 ans couronnée par un mariage n’a duré plus longtemps. Balzac meurt 6 mois après leur arrivée et installation à Paris (rue Fortunée), laissant son épouse avec une dette énorme qu’elle a acceptée et acquittée. La veuve se rapproche ensuite vers le peintre Jean Gigoux avec qui elle vit jusqu’à sa mort. « Ruinée » (comme elle s’est elle-même présentée), en 1856 elle achète de la famille Colbert une résidence avec 4 hectares de parc près de Paris, à Villeneuve. Elle partage dorénavant sa vie entre ce château, où Gigoux a installé son atelier, et sa demeure parisienne (démolie et remplacée actuellement par l’hôtel Salomon Rothschild, 11 Rue Berryer, 75008 Paris) jusqu’à sa mort en 1882.

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, le château a été saccagé et pillé. Après la mort d’Evelyna Hanska l’édifice a été racheté par la Mairie de Villeneuve en 1896 pour devenir l’hôtel de ville. Cela n’a pas duré longtemps, déjà  en 1910 la mairie déménage dans des nouveaux locaux.

La résidence a été ensuite transformée en une maison de retraite, aujourd’hui résidence privée médicalisée pour personnes âgées. Elle a gardé le beau jardin pour ses pensionnaires et ne se visite pas, mais il est possible de voir la façade derrière la clôture et admirer son emplacement ainsi que découvrir la grandeur du terrain, imagine la belle vue qu’avait Madame de Balzac sur la vallée de la Seine.

Détail géographiques : 10 minutes à pied de la gare de Villeneuve-Saint-Georges (transilien, RER D), l’adresse officielle : 1 Avenue Rey, 94190 Villeneuve-Saint-Georges.

Source de textes : Patrick Germain, Eve Hanska, Madame Honoré de Balzac – Troisième et dernière partie, disponible en ligne.

Parc, Château de Beauregard, site hapi.sncf, disponible en ligne 

Site de la Mairie Villeneuve-Saint-Georges et Site Yerres nostalgique

2. Maisons-Laffitte / Le Mesnil-le-Roi (78) : Institut littéraire « Kultura paryska ».

Peu d’endroits dans le monde peuvent concurrencer le rôle qu’a joué l’Institut littéraire, dit « Kultura paryska » (fr. culture parisienne), pour la préservation de la culture polonaise pendant l’époque de la guerre froide.

Fondé à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, il a publié et colporté plusieurs milliers de textes littéraires, scientifiques et politiques interdits ou censurés par les autorités communistes en Pologne. Le travail des fondateurs, Jerzy Giedroyć, Zofia et Zygmunt Hertz, et ses amis a fait de « Kultura » le premier centre de la pensée intellectuelle libre dans le monde, mérite qui lui a valu l’inscription dans le registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO.

La belle demeure à la frontière de Maisons-Laffitte et Le Mesnil-le-Roi a été achetée en 1954. Deux bâtiments dominent le terrain : la maison – le siège de l’Institut et les habitations de ses membres (dont la chambre et l’atelier de Joseph Czapski, peintre et écrivain), ainsi qu’un ancien bâtiment administratif transformé en chambres d’accueil des écrivains et hommes politiques venus de Pologne (de passage ou en exil), aujourd’hui les archives.

Après la mort de Jerzy Giedroyc en 2000, l’Institut littéraire s’est transformé en Société l’Institut littéraire Kultura qui a pour objectif d’archiver et promouvoir l’oeuvre de ses fondateurs. Aujourd’hui, il peut se visiter en petits groupes sur demande, il reçoit aussi les chercheurs en littérature et l’histoire.

Pas loin de la Maison, le cimetière municipal du Mesnil-le-Roi vaut aussi une visite : les sépultures de Joseph Czapski, Jerzy Giedroyć et Les Hertz se trouvent là-bas.

Site internet : L’Institut Littéraire

Détails géographiques : Maison Kultura : 91 avenue de Poissy, 78600 Le Mesnil-le-Roi / Cimetière : 8 Rue du Repos, 78600 Le Mesnil-le-Roi

Source des textes : A.S.Kowalczyk, « Paryska kultura », disponible sur : kulturaparyska.com

  1. Forêt de Fontainebleau (77) : Cénotaphe à la mémoire de Tadeusz Kościuszko (proposition de Bertrand Forêt)

Ce monument érigé en 1924 remplace une plaque commémorative du XIXe siècle dédiée au héros de l’indépendance polonaise et américaine. Peu de Franciliens savent qu’après son retour des Etats-Unis où il a participé à la guerre de l’indépendance, Tadeusz Kościuszko s’installe en France dans la commune de La Genevraye (77) pour une quinzaine d’années.

Le projet original initié par les habitants de la communes reconnaissants prévoyait la construction d’un tumulus, copie de « Montagne Kościuszko » à Cracovie. Faute de moyens, il a fallu attendre plusieurs décennies pour que voit le jour ce projet plus intime, conçu par un architecte local de Fontainebleau, Monsieur Lucas.

Photo-souvenir devant le monument. Source : M. et O. Fanica, « Hommage à Tadeusz Kościuszko », [dans :] La voix dans la forêt 1990.

Détails géographiques : Le monument se retrouve en bordure de la route 148 (route de Sorques).

Source du texte : M. et O. Fanica, « Hommage à Tadeusz Kościuszko », [dans :] La voix dans la forêt 1990.

Institut Polonais 2020 / par Michał Grabowski

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