Pologne | 1968 | 154 mn | Couleur | VOSTF | Version restaurée

1878. Dans la Pologne d’après la terrible répression russe de 1863. D‘abord modeste commis de brasserie,
Stanislaw Wokulski est devenu un riche homme d’affaires, possédant un somptueux magasin dans Varsovie et brassant des affaires florissantes dans toute l’Europe. Son origine modeste le rend sensible aux inégalités sociales et à une misère omniprésente. Mais il tombe fou amoureux d’Izabella Łęcka, aristocrate issue d’une famille ruinée. Il est cependant taraudé par le sentiment que, malgré sa richesse, ses origines populaires ne lui permettent pas de toucher le cœur de cette femme d’une rare beauté, mais surtout d’un inaltérable et naturel mépris de classe. Cela met son cœur mais aussi ses affaires en danger…

Porté aux nues par Scorsese, Wojciech Jerzy Has, est un mystérieux et peu connu réalisateur polonais. Il est pourtant le réalisateur de deux films à la réputation mondiale : La Clepsydre et Le Manuscrit trouvé à Saragosse. La Poupée est son 3e chef-d’œuvre.
Has (1925-2000) est un réalisateur fascinant, tout au long des 14 longs-métrages d’une carrière qui s’est épanouie du début des années 60 à la fin des années 80, dans une Pologne pourtant sous cloche, artistiquement et politiquement. Il a su créer une œuvre profondément personnelle et originale, sans se cantonner à un genre précis. Virtuose dans son expression visuelle, techniquement d’une maîtrise absolue, il fait toujours preuve d’un profond humanisme. Son cheminement artistique aboutit à une succession de films stupéfiants qui influencent durablement nombre de cinéastes contemporains. Il obtint une large reconnaissance internationale, avec nombre de prix dans des festivals internationaux, avant de tomber dans l’oubli.
La Poupée est l’adaptation d’un roman de Bolesław Prus (1847 – 1902), écrivain et journaliste polonais,
peintre de mœurs de son époque et l’un des meilleurs romanciers du positivisme polonais.

La Poupée est une fresque historique et psychologique qui frappe par son souffle épique et la force des destins individuels, sans oublier une reconstitution étonnante de l’époque. Une utilisation incomparable de la profondeur de champ, une atmosphère baroque, la fluidité des mouvements de caméra d’une grande modernité donnent à ce fi lm une identité visuelle unique. Le drame d’un homme tiraillé entre sa lucidité sociale et son aveuglement amoureux achève de rendre le fi lm fascinant, de la première à la dernière image.

Source : Malavida