Visible Futures. Joanna Hawrot | Angelika Markul | Zuza Krajewska
exposition
du 23 au 26 octobre
Vernissage : le 23 octobre
Maison Markul, Paris
Art Basel Paris
Commissaire : Paweł Pachciarek
Après ses débuts à Daimaru Shinsaibashi à Osaka, où il faisait partie du programme culturel accompagnant la participation de la Pologne à l’EXPO 2025, le projet « Wearable Art – Unseen Threads » évolue à Paris sous le nom de « Visible Futures ». L’installation d’Osaka s’étendait sur plusieurs étages et vitrines du grand magasin et mêlait textiles, sculptures et photographies ; elle révélait des récits cachés et amplifiait les voix exclues de la mode traditionnelle. Fort de ce succès, Visible Futures déplace l’axe de « l’invisible » vers « le visible », invitant le spectateur à réfléchir à la manière dont l’avenir devient perceptible.
À Paris, le projet s’installe à la Maison Markul, un hôtel particulier du XIXe siècle qu’Angelika Markul et Arnaud Lutellier ont ouvert en tant que résidence d’artistes, studio de création et galerie. Pendant Art Basel Paris, cet espace domestique devient une installation spécifique au site où le tissu, la sculpture et l’image fonctionnent comme des instruments de sens à part entière. Le choix curatorial de situer l’exposition dans une résidence privée – plutôt que dans un cube blanc neutre – met en avant les questions d’intimité, d’hospitalité et de politique de l’exposition.
Visible Futures traite la mode comme un moyen d’expression critique. Les œuvres d’art de Joanna Hawrot ne décorent pas le corps ; elles enregistrent et transmettent des expériences. Les motifs, les coupes et les mouvements forment une structure sémantique dans laquelle les vêtements expriment les tensions entre la mémoire personnelle et l’histoire collective. Les œuvres sculpturales d’Angelika Markul confèrent un poids matériel à cette dynamique, ancrant des émotions intangibles dans la cire et d’autres matières. La photographie de Zuza Krajewska renforce le caractère relationnel du projet ; ses images ne se contentent pas de documenter, elles participent activement à la formation du récit, capturant des moments où les vêtements et le corps se définissent mutuellement. Ensemble, ces œuvres montrent que la visibilité n’est pas une catégorie innocente, mais un lieu de négociation et de pouvoir.
Une référence conceptuelle fondamentale reste le jūnihitoe japonais, une robe de cour à douze couches datant de la période Heian. Historiquement, le jūnihitoe se composait de plusieurs kimonos superposés de manière à ce que les couleurs et les textures de chaque vêtement soient visibles ; le nombre et la disposition des couches indiquaient la saison et le statut social. Dans Visible Futures, cette pratique devient une méthode narrative : les couches fonctionnent comme des strates temporelles et sémantiques qui permettent au passé, au présent et aux futurs possibles de coexister et de se conditionner mutuellement. Dans cette structure entre en scène une nouvelle protagoniste : une jeune femme enceinte. Sa présence introduit la dimension du commencement et d’un avenir incarné. Elle n’est pas une allégorie, mais une participante dont l’échelle, le rythme et la sensibilité détournent l’attention de la rétrospection vers ce qui est en train de prendre forme.
L’édition parisienne combine des œuvres d’Osaka avec de nouvelles pièces. Elle maintient un dialogue avec l’École polonaise des textiles et l’héritage de Magdalena Abakanowicz, non pas par le biais de citations directes, mais par la prise de conscience du textile comme un médium autonome capable de façonner l’espace et les relations sociales. Dans ce contexte, le tissu, la sculpture et l’image sont traités comme des agents égaux. L’architecture de la Maison Markul, la présence des sculptures et la chorégraphie de la lumière co-écrivent le récit ; elles dictent le rythme du mouvement et les cadres de vision, faisant de la visibilité une construction délibérée plutôt qu’un geste évident.
Un spectacle de danse fera partie intégrante du programme. Développée en collaboration avec les artistes, la chorégraphie introduit le corps dans un dialogue avec l’espace et le costume. Le mouvement devient un autre moyen de raconter une histoire ; il accentue les thèmes de la visibilité et de la transformation et forge une communauté temporaire entre les interprètes et le public.
Plus d’informations : https://www.maisonmarkul.com
Projet co-organisé par l’Institut Adam Mickiewicz.









