1.08.2020 - 2.10.2020 article, Histoire

76e anniversaire de l’insurrection de Varsovie

L’insurrection de Varsovie : contexte, déroulement historique et devoir de mémoire

Tout commence au début de la Seconde Guerre mondiale alors que l’Allemagne nazie attaque la Pologne le 1er septembre 1939. Peu après, le 17 septembre, elle est rejointe par l’URSS avec laquelle elle venait justement de signer un pacte de non-agression le 23 août.
Dès les premiers jours, alors que les combats pour la défense ont toujours lieu, des groupes de résistants s’organisent dans la Pologne occupée. Ils se lient peu à peu et fusionnent pour former une structure d’ensemble, considérée comme le plus important mouvement de résistance du second conflit mondial : l’« Armia Krajowa » (Armée de l’intérieur). Celle-ci est constituée des premiers groupes de résistants créés dès 1939. L’appellation « Armia Krajowa » n’apparaîtra qu’en 1942. Ce mouvement commence alors à rallier à sa cause la majorité des autres mouvements indépendantistes.
Les structures de l’Armia Krajowa se développent jusqu’à la formation d’un Etat clandestin et secret, composé de structures civiles et militaires. Le but de cette organisation n’est pas seulement de se protéger contre l’occupant, mais aussi de préparer un soulèvement général pour recouvrer l’indépendance. Dans les rangs de l’Armia Krajowa, on est persuadé que l’aboutissement du mouvement consistera en une insurrection qui permettra l’établissement d’un nouvel Etat polonais, légitime sous sa forme politique. Les préparatifs sont minutieux : les résistants organisent des opérations de collecte de renseignements, de sabotage, de propagande et des interventions armées isolées pour défendre la population contre les forces de l’occupation.

Après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie en 1941, en violation du pacte de non-agression, la situation se renverse et l’Union Soviétique devient alors l’un des principaux opposants aux Allemands.

En 1943, l’Armée Rouge progresse à l’intérieur du territoire polonais dans sa lutte contre les Allemands, ce qui pousse les forces de l’Armia Krajowa à réagir en vue de s’imposer sur le territoire qu’elles veulent reconquérir.
Le plan stratégique clé de la résistance est lancé au milieu de l’année 1944 sous le nom de code « Burza » (Tempête). C’est cette opération qui conduit à l’insurrection.
L’opération « Burza » consiste en une bataille ouverte, un affrontement direct visant à reprendre le contrôle des villes encore occupées par les Allemands alors qu’ils préparent leur défense contre l’Armée Rouge. Les résistants comptent sur l’effet de surprise pour affaiblir les Allemands. Pour les Polonais, il s’agit de s’imposer avant l’arrivée des troupes soviétiques qui se rapprochent de Varsovie.
Même si la ville n’était pas prévue comme lieu de bataille lors de l’insurrection, les Polonais prennent la décision de la reconquérir afin de ne pas laisser les forces soviétiques s’emparer de la capitale.
L’insurrection est déclenchée le 1er aout 1944 alors que les Allemands se rassemblent à Varsovie. Les combats du soulèvement durent 63 jours, pendant lesquels un véritable champ de bataille urbain s’installe dans les rues. Même si les Polonais parviennent à prendre le contrôle de certains quartiers après le début de l’insurrection, ils n’arrivent pas à reprendre entièrement la ville, et l’affrontement se poursuit dans plusieurs zones de celle-ci. Pendant les affrontements, la partie libérée de la ville s’organise et recommence à publier des journaux polonais, diffuser des informations sur une radio insurgée.
L’armée de l’intérieur n’avait envisagé que quelques jours de combats seulement, car ils comptaient sur le soutien de l’Armée Rouge et des Alliés. Les insurgés essayent de rivaliser avec l’aviation, les blindés et l’artillerie allemands même s’ils sont très pauvrement armés. Les soldats allemands adoptent alors une stratégie d’épuisement avec l’objectif de réduire le moral des résistants. Les soldats insurgés capturés sont fusillés et les civils mutilés. Du 5 au 7 août, après la conquête de la majeure partie de la rive gauche de la Vistule par les insurgés, les SS lancent une contre-offensive extrêmement violente et dévastatrice, le massacre de Wola. Plus de 40 000 civils sont alors exécutés, et les survivants sont déportés sur ordre d’Adolf Hitler.
Les avions de la Luftwaffe sont stratégiquement destinés à détruire toutes les infrastructures, monuments historiques et bombardent même les hôpitaux. La ville sera détruite à plus de 80%.
Malheureusement, malgré les efforts, le soutien de l’Occident n’étant pas assez efficace et l’espoir d’une offensive soviétique s’étant envolé, l’insurrection tombe le 2 octobre 1944. Elle laisse derrière elle Varsovie en ruines et coûte la vie à 17 000 insurgés et 150 000 civils.

L’insurrection est une partie importante de l’Histoire de la Pologne, et reste jusqu’à aujourd’hui un événement incontournable dans le pays. Elle a marqué la fin d’une lutte qui a duré de nombreuses années ayant pour effet de rassembler tous les résistants dans le combat contre les occupants.
Si l’insurrection de Varsovie est si importante aux yeux des Polonais, c’est aussi parce qu’elle a représenté 63 jours d’indépendance pendant l’occupation, redonnant l’espoir à un peuple entier.
Le devoir de mémoire nationale est un sentiment fort en Pologne, et c’est pour cette raison que chaque année le pays entier commémore l’anniversaire de l’Insurrection, le 1er août. Habituellement, ces événements incluent remises de distinctions, hommages, messes et cérémonies officielles. Le musée de l’insurrection de Varsovie a été créé dans les locaux d’une ancienne centrale électrique à l’occasion du 60e anniversaire de celle-ci. Il a été visité durant les treize dernières années par plus de 6 500 000 visiteurs venus du monde entier. On y propose également des cours pour les écoles dont plus de 350 000 élèves ont déjà bénéficié. Véritable outil de mémoire, le musée recense plus de 4000 entretiens avec les survivants et témoins de l’insurrection ainsi que 101 000 pièces dans sa collection dont 1000 sont exposées sur une surface de 3000m².
Cette année marque le 76e anniversaire de l’insurrection. Les événements autour de la commémoration prennent formes variées et déjà dès la fin du mois de juillet à Varsovie sont organisés des concerts, projections, des rencontres éducatives pour les enfants ainsi que des rencontres officielles avec la participation des dirigeants polonais et des survivants de l’insurrection. Leur liste complète peut être consulter sur la site internet du Musée de l’Insurrection de Varsovie : https://www.1944.pl/artykul/program-obchodow-76.-rocznicy-powstania-warszaw,5038.html ansi que sur les profils Facebook du Musée : https://www.facebook.com/1944pl

Lectures connexes :

Miron Bialoszewski : Mémoire de l’insurrection de Varsovie – Traduit par Eric Veaux
https://www.babelio.com/livres/Bialoszewski-Memoire-de-linsurrection-de-Varsovie/651796
Elisabeth Sledziewski : Varsovie 44 : Récit D’insurrection – Août-Octobre 1944
https://www.leslibraires.fr/livre/108155-varsovie-44-recit-d-insurrection-elisabeth-g-sledziewski-autrement
Jan Karski : Mon témoignage devant le monde – Traduit par Céline Gervais-Francelle
https://www.babelio.com/livres/Karski-Mon-temoignage-devant-le-monde-Souvenirs-1939-/168950
Bogina Mond : La Pologne en guerre : L’insurrection de Varsovie 1944 : Une jeune fille de Varsovie. Traduit par Michel Viatteau

https://www.lalibrairie.com/livres/une-jeune-fille-de-varsovie–la-pologne-en-guerre-l-insurrection-de-varsovie-1944_0-1524329_9782915988468.html

de à
Planifié article Histoire

Une mémoire inquiète 🗓

Présences du passé juif dans le cinéma d’Europe centrale. Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie (1945-1967)
05 03.2024 12 03.2024 Cinéma, Événements, Histoire

L’Insurrection de Varsovie au Mémorial de Compiègne

Exposition sur l'Insurrection de Varsovie de 1944 à l'occasion des 80 ans du soulèvement
13 02.2024 19 05.2024 Événements, Histoire

#WeRemember / #Pamietamy 🗓

Le 27 janvier nous commémorons la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste
27 01.2024 Événements, Histoire